Quand on a le nez dans le guidon, quand on est noyé dans l’information, il est facile de perdre de vue son objectif. Que ce soit dans le choix du canal de communication, du message ou de la tonalité. Il est alors essentiel d’avoir un regard extérieur. Le partenaire critique, le « sparring partner », vous aide à y voir plus clair et à rectifier à temps votre trajectoire.
Une communication inefficace ou de mauvais choix peut avoir des conséquences importantes sur votre projet : refus du permis d’urbanisme, levée de boucliers de l’opposition, sentiment de crainte et de stress…
Julie De Schampheleer, notre Senior Communications Advisor, vous partage son expérience.
Quel est ton rôle en tant que sparring partner, partenaire critique ?
Par principe, je remets toujours en question la proposition du client. Je veille à ce qu’il ait envisagé toutes les éventualités. Si j’estime qu’il se trompe de direction, je le fais savoir sans détour. Mais toujours dans un esprit bienveillant. Je sais que c’est pour le bien du projet ou de l’entreprise.
Comment abordes-tu les situations où ton point de vue diffère de celui du client ?
C’est un exercice délicat mais cela fait partie de mon rôle de Senior chez Connect. J’aborde toujours le problème sous forme de réflexion. J’essaie de voir de quelle manière le client a pensé sa communication et nous en discutons. J’explique mon point de vue et je me mets à la place de ses parties prenantes. Nous essayons ainsi de parvenir à un consensus.
Quels sont les signes révélateurs qui indiquent qu’une communication a besoin d’un partenaire critique ?
En soi, je dirais tous les projets complexes. Ils sont par définition difficiles et risquent de soulever une certaine opposition. Quand vous avez le nez dans le guidon et que vous connaissez le projet sur le bout des doigts, ou au contraire que vous n’y connaissez rien, vous avez besoin d’un sparring partner.
Peux-tu partager un exemple concret où l'intervention d'un partenaire critique a permis d'éviter une erreur majeure ou d'améliorer significativement les résultats d'un projet de communication ?
J’étais en réunion chantier et j’attendais la partie planning quand j’ai entendu le chef de chantier dire qu’ils allaient commencer au marteau-piqueur tôt le matin jusque tard dans la journée. Sauf qu’à Bruxelles, c’est interdit. Il y a un horaire bien déterminé. Je pense que ce jour-là, je me suis évité bien des plaintes et une mauvaise image du projet dans la presse. Depuis, j’assiste toujours à la réunion de chantier dans son ensemble. Je suis là pour défendre et me mettre à la place des riverains, là où le chef de chantier doit tenir des délais de construction.
Comment gères-tu les situations où ton point de vue en tant que partenaire critique diffère de celui du client ? Existe-t-il des stratégies spécifiques que tu utilises pour parvenir à un consensus ?
La discussion et l’écoute. L’objectif est que chacun comprenne le point de vue de l’autre. Et que ce soit toujours pour le bien du projet ou de l’entreprise. Si cela est respecté, il n’y a pas de souci à se faire. Mais, sans aucun doute, il ne faut pas arriver avec ses bottes de cowboy.
Pourquoi penses-tu que certaines entreprises hésitent à intégrer un partenaire critique dans leur processus de communication ? Quels conseils donnerais-tu à ces entreprises pour surmonter leurs réticences ?
Je pense que certaines personnes aiment rester dans leurs habitudes. Je le vois encore tous les jours, par exemple, quand on propose d’organiser un infomarket, une sorte d’exposition du projet, plutôt que d’organiser une réunion plénière. Ils n’ont jamais fait de cette manière et préfèrent continuer avec une méthode qui fonctionne relativement. Il en va de même quand nous proposons de la participation. Les entreprises ont peur que leur projet soit trop modifié. Alors que l’idée de la participation est de permettre d’améliorer le projet. Et, donc, de faciliter le processus permis pendant l’enquête publique.
Alors, je dirais tout simplement : restez ouvert, à l’écoute et n’ayez pas peur de la communication.