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Où sont les jeunes ?

Qui est le ministre fédéral de la Santé en Belgique ? Comment s’appelle le Ministre-Président de la Région de Bruxelles-Capitale ou même le bourgmestre de votre commune ? Notre expérience nous a démontré que beaucoup de jeunes éprouvaient des difficultés à nommer ces figures supposées familières. Il semblerait que les jeunes se désintéressent de la chose politique. D’où cette interrogation : comment limiter l’impact de ce désintérêt apparent dans la communication de grands projets, qui voient justement le jour sous l’impulsion du politique ?

Printemps 2019. La Belgique se prépare à un triple scrutin d’envergure : fédéral, régional et européen. Comme toujours à l’approche d’un appel aux urnes, sondages et enquêtes d’opinion se multiplient. Dans la masse de données compilées, ressort un profond désamour des jeunes pour la chose politique.

Méfiance envers la/le politique

En Wallonie, ce désintérêt chez les 18-25 ans atteignait 54 % quelques mois avant ces élections. En Flandre, ce taux était de 45 %. Et près de trois quarts des jeunes Flamands, questionnés par la plateforme Wat Wat, avouaient même ne pas avoir confiance en la politique.

Fin 2020, leur taux de confiance chutait même à 12% selon une étude réalisée par HUMO. La gestion de l’épidémie de coronavirus couplée au déroulé ubuesque de la formation du gouvernement fédéral y ont probablement joué un rôle.

« Ils ont vu la démocratie dans toutes ses limites »

« Ce désintérêt pour la politique partisane peut s’expliquer par le contexte. Les scandales et les affaires de corruption à répétition ne poussent pas les jeunes à faire la démarche de se renseigner », détaillait Régis Dandoy, politologue à l’ULB. Pointons aussi le caractère qualifié par certains d’ennuyant ou compliqué des débats.

Complexité elle-même due au système politique fédéral. Certains concèdent se perdre dans le mille-feuille institutionnel qui en rebute plus d’un à s’y intéresser, voire à s’y engager. « J’ai étudié les institutions belges tout au long de mon bachelier mais il y a tellement d’exceptions que j’ai l’impression de ne pas maîtriser le sujet », témoignait une étudiante s’étant redirigée vers les Relations Internationales.

Puis, il y a un discours qui ne serait pas suffisamment orienté vers les jeunes, sur le fond comme sur la forme, tandis que les thèmes discutés ne correspondraient pas (suffisamment) à leurs attentes. Tels que, entre autres, la mobilité de demain, les questions environnementales, la bonne gouvernance…

Cet apolitisme serait donc le produit d’une tendance globale latente depuis plusieurs années. Surtout que les jeunes n'ont vécu que des périodes de crise : économique, sociale, politique et, désormais, sanitaire.

Des « vieux » aux réunions d’information

Oui, mais quand on veut, on peut. L’adage est bien connu. Et est particulièrement valable pour cette jeunesse au croisement des générations Y et Z. Certains affirment ainsi que la participation des jeunes au débat politique n’est pas moins importante qu’auparavant. Elle serait plutôt différente, diffuse dirons-nous.

Or si ce désintérêt est bien présent, il n’est pas opportun pour les jeunes de se détourner de la chose publique qui impacte directement leur quotidien. Une nouvelle liaison électrique près de chez eux, la création d’une ligne de tram, l’érection d’un nouveau quartier, sont autant de thèmes qui devraient les mobiliser.

Pourtant, force est de constater qu’ils ne semblent guère s’investir dans les projets d’infrastructure qui les concernent directement… Lors de nos diverses réunions d’information ou infomarkets, nous devons bien avouer que la moyenne d’âge est plus proche de 40 ans, voire plus, que de 20 ans. Alors que la capacité des jeunes à se faire entendre est sans nulle autre pareille. On l’a encore constaté lors des manifestations pour le climat ou dans le cadre des mouvements MeToo et BlackLivesMatter.

Une absence bénéfique pour vos projets ?

Sauf qu’en ne s’impliquant pas dans les discussions autour de grands projets, ceux-là mêmes qui dessineront leur futur cadre de vie manquent l’occasion de faire entendre leur voix à côté de celle de leurs aînés. Qui, eux, s’expriment, questionnent, donnent leur avis et s’impliquent.

De quoi faciliter le processus d’octroi de permis pour vos projets ? Pas si sûr. Rappelez-vous de notre article sur le fait qu’une participation soulevant pas ou peu de voix contraires est signe d’une mauvaise participation.

S’adapter et compléter les outils existants

Nous avons bien compris que la communication institutionnelle n’était pas la meilleure manière d’intéresser et de capter les jeunes. Encore que l’arrivée de bourgmestres, échevins et députés (pré-) trentenaires sur le devant de la scène tend à dépoussiérer quelque peu ce tableau. Car une bonne communication dépend presque autant du message délivré que de son communicant.

Et de la façon de faire. On ne s’adresse en effet pas de la même manière aux jeunes qu’aux autres générations. À plus forte raison dans ce monde digitalisé.

Si les chefs de projet doivent inclure davantage cette dimension dans les stratégies de communication de leurs projets, chez Connect nous challengeons chaque jour les approches possibles pour toucher le plus grand nombre, dont les plus jeunes.

Voici déjà 4 grands conseils conseils :

  1. Adaptez vos messages au support de communication et à votre cible. On ne communiquer pas de la même manière sur Facebook que sur votre site Internet.
  2. Privilégiez l’esthétisme et le dynamisme sur les réseaux sociaux en utilisant des infographies colorées et/ou animées, des vidéos ou de belles photos
  3. Communiquez via une liste de diffusion WhatsApp pour tenir au courant les riverains du déroulement du projet et de son impact dans le quartier.
  4. Sensibilisez les adultes de demain avec un kit pédagogique. Nous avons par exemple créé le plateau de jeu ElectriCITY avec Elia afin de les sensibiliser, dans des termes et concepts accessibles, à la transition énergétique.

Mais les jeunes peuvent être impliqués dès l’entame d’un projet. Le projet Noord-Zuid Limburg a ainsi, par exemple, été modifié sur base de l’apport concret des jeunes. À la demande d’une école de Houthalen-Helchteren, nous avons aidé des adolescents à établir leurs priorités. Ils ont réalisé une maquette et une vidéo à présenter au bourgmestre et ont même remportée le titre du Meilleur projet d’Innovation.

Un bon moyen pour leur faire comprendre l’impact qu’ils peuvent avoir et pour les faire participer à la construction de leur quartier et de leur environnement.

Parce que, finalement, un bon projet c’est celui qui correspond aux besoins des gens qui vivent le quartier, la région, le pays... Et ce, à tout âge.

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